Maylis de Kerangal" Un seul mouvement du poignet suffit à démarrer son engin, après quoi lui aussi fonce vers l’est suivant la voie rectiligne qui fend la ville basse – une voie parallèle à celle qu’avait suivie Marianne peu avant lui −, s’engouffrant rue René-Coty, rue du Maréchal-Joffre, rue Aristide-Briand – noms à barbiche et à moustache, noms à bedaine et montre à gousset, noms à chapeau mou −, rue de Verdun et ainsi de suite jusqu’aux échangeurs autoroutiers, à la sortie de la ville."
Réparer les vivants, Paris, Les Verticales © Gallimard, 2014 Christophe Ono-dit-BiotL'eau transparente qui laisse voir les galets blancs de la plage du Tilleul .Le tapis vert du sentier herbeux qui y mène, les mûres juteuses à portée de bouche, la paupière bleue de la mer qui s'ouvre et se ferme et dont les cils sont les vagues".( Etretat)
Plonger, Paris, Gallimard, qui obtient le grand prix du roman de l'académie française 2013 |
François Valléjo"J’ai connu la Normandie par la Seine : j’ai vécu dans plusieurs villes au bord de l’eau. Rouen, Caudebec-en-Caux… Enfin je suis arrivé au Havre, une autre Normandie d’un seul coup, quelque chose de plus aride à première vue. Le fleuve s’élargissait pourtant en estuaire, mais voilà, depuis la ville basse, on ne s’en apercevait guère. Plus il s’élargit, plus il disparaît de notre champ visuel. À la place, et si nous nous éloignons à peine du bord de mer, nous avons sous les yeux un monde minéral, ces bâtiments de béton grenu couleur sable, aux meilleures heures, un désert en somme, une étendue plutôt plane, avec des immeubles dunes."
Balade en Seine-Maritime, sur les pas des écrivains © Alexandrines, mars 2007 |
Raymond Queneau
« Éclairée au gaz, la boutique de Mme Dutertre clignotait dans la longue obscure rue Casimir-Périer, clignotait faiblement comme un œil myope. De loin on pouvait prendre cela pour une mercerie miteuse avec un rayon de bonbons sales et un rayon de cahiers. De près, y avait pas d’erreur, c’était un asile de l’intelligence et de la culture et de la civilisation. Éclairée au gaz, Mme Dutertre proposait aux rares amateurs de cette province le sel de toute bibliothèque qu’est un vieux bouquin. »
Un rude hiver ©Gallimard, 1939. Citation extraite du volume L’imaginaire Gallimard
Un rude hiver ©Gallimard, 1939. Citation extraite du volume L’imaginaire Gallimard